Mesdames, Messieurs, 
Chères et Chers collègues, 

Durant ce mois de novembre, nous avons eu le plaisir avec mes collègues de vous retrouver à l'occasion du Congrès des maires. Ce fût, comme chaque année, un beau moment de convivialité et de partage. 

La conjoncture actuelle est empreinte de nombreuses incertitudes liées à une inflation importante, aux prix de l’énergie qui explosent, aux taux d’intérêt qui remontent, aux difficultés d’acheminement des matières premières. Les préoccupations sont nombreuses. 

C'est dans ce contexte que nous avons examiné le Budget 2023 au Sénat. Nous l'avons profondément remanié en prenant en compte les difficultés croissantes des collectivités et des entreprises face à l’inflation, tout en proposant 4,5 milliards d’euros d’économies afin de réduire le déficit des finances publiques. 

Malheureusement, le Gouvernement n’a pas souhaité entendre la nécessité des mesures votées au Sénat en faveur des collectivités. La Commission Mixte Paritaire (CMP) n’a pas pu aboutir. Vous trouverez dans la présente lettre les principales mesures du texte budgétaire. 

Dans l’attente de vous retrouver lors des traditionnelles cérémonies de vœux, je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année, placées sous le signe de moments chaleureux avec vos familles et vos proches ! 
 
Bien fidèlement, 
Elsa Schalck, Sénatrice du Bas-Rhin
🎥 Retour en images sur votre journée à Paris à nos côtés
Mois budgétaire
Comme chaque année, le mois de novembre est en grande partie consacré au vote des textes budgétaires : projet de loi de finances rectificatives pour 2022, projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2023, et projet de loi de finances (PLF) pour 2023.

Face aux crises successives, il est de notre devoir de trouver des réponses rapides et adaptées pour soutenir les collectivités locales tout en maitrisant les dépenses publiques

Projet de loi de finances rectificative pour 2022 (PLFR 2022)
Le 25 novembre dernier, nous avons définitivement adopté le PLFR pour 2022 et je souhaitais, à l’occasion de cette lettre d’information, revenir sur certaines avancées principales :

• Taxe d’aménagement : reversement à nouveau facultatif

La loi de finances 2022 avait rendu obligatoire le partage de la taxe d'aménagement entre les communes et leur EPCI à fiscalité propre, par une délibération concordante devant être prise avant la fin de l'année ou à défaut, cette dernière aurait été reversée en totalité à l'EPCI.

À la suite de nombreux échanges avec vous, nous avons soulevé les difficultés de cette réforme et nous avons œuvré pour revenir au dispositif antérieur.

J'avais tenu à signer un amendement dans le projet de loi de finances rectificative de 2022, qui avait été adopté par le Sénat.

Le mardi 22 novembre, la loi de finances rectificative pour 2022 a intégré cet amendement. Les dispositions transférant de manière obligatoire tout ou partie de la taxe d’aménagement des communes au profit des intercommunalités ont donc été annulées.

Il n’y a donc aujourd’hui plus lieu de délibérer sur ce sujet, sauf accord local spécifique.

Si une délibération a déjà été prise, il sera possible de l’annuler ou la modifier en prenant une nouvelle délibération dans les deux mois qui suivront la promulgation de la loi de finances rectificative pour 2022, qui devrait intervenir d’ici fin janvier 2023. Si les délibérations déjà prises ne sont pas annulées dans ce délai, les communes seront tenues de reverser les sommes prévues dans ces délibérations.

• Ponts communaux : augmentation des crédits 

Depuis plusieurs mois, les Sénateurs appelaient à une action publique plus ambitieuse et plus rapide en faveur de la rénovation des ponts. J’avais d’ailleurs alerté le Gouvernement le 27 octobre dernier sur la nécessité d'apporter aux collectivités bas-rhinoises l'appui technique et financier indispensable à la sécurisation des ponts.

Je me félicite que notre travail ait permis le vote de l’augmentation des crédits en faveur de la réfection des ponts (50 millions d’euros) et du réseau routier (50 millions d’euros). 

Projet de loi de finances pour 2023 (PLF 2023) :

Malgré la démarche constructive du Sénat, le Gouvernement a fait adopter le projet de loi de finances pour 2023 en passant en force et en ayant recours au « 49.3 ».

La déception est grande pour la chambre des territoires : quasiment rien n’a été repris des apports du Sénat concernant les collectivités territoriales, y compris parmi les amendements adoptés à l’unanimité !

Seules deux mesures substantielles, parmi les dizaines votées au Sénat, ont été retenues dans le texte définitif du Gouvernement :

• La première est la suppression du « pacte de confiance » entre l’État et les 500 plus grandes collectivités, qui visait à encadrer l’évolution de leurs dépenses de fonctionnement. Un « Cahors bis » encore plus contraignant pour les collectivités territoriales, qui n’était qu’un acte de défiance supplémentaire à l’encontre des élus locaux. En effet, il était imposé aux collectivités visées et assorti de sanctions en cas de non-respect.

• La seconde mesure retenue est la conservation du critère de longueur de voirie communale pour déterminer le montant d'attribution des fractions « péréquation » et « cible » de la dotation de solidarité rurale (DSR). Il était en effet prévu de le remplacer par un critère de superficie, pondéré par la densité et la population. De nombreux élus locaux, notamment des communes rurales, s’en sont émus et le Sénat s’en est fait l’écho avec succès.

En dehors de ces deux mesures, rien de substantiel n’a malheureusement été conservé des propositions du Sénat.

Concernant les dispositifs visant à faire face à l’explosion de la facture énergétique dans de nombreuses communes, trois niveaux de "protection" sont prévus. Nous avions accepté les deux premiers et modifié le troisième – le "filet de sécurité" –, que nous avons simplifié et élargi. Mais le Gouvernement n’a pas repris notre proposition.

- Le 1er niveau : éligibilité aux tarifs réglementés de vente du gaz et d’électricité. Les communes de moins de 10 employés à temps plein et moins de 2 millions d’euros de recettes, ces critères étant cumulatifs (selon les derniers chiffres cités par le Gouvernement, cela représenterait 80 % des communes) sont éligibles aux tarifs réglementés de vente du gaz et de l’électricité : la hausse sera donc limitée à 15 % en 2023.

- Le 2e niveau : un "amortisseur électricité". Il s’applique aux contrats d’électricité signés par les communes, dont la base du prix de l’électricité est supérieure à 180€/MWh, avec un prix plafond fixé à 500 €/MWh (plafonnement pour limiter le coût du dispositif). L'amortisseur électricité prend en charge 50 % de la consommation électrique dans cette fourchette de prix. Le montant maximal de cette aide est donc de 160 €/MWh (50% de 500-180 €). L’obtention de cette aide n’est soumise à aucune démarche puisque la réduction de prix est directement décomptée de la facture d’électricité. Elle s’appliquera à partir du 1er janvier 2023 pour une durée d’un an, aux contrats 2023, « y compris ceux qui sont déjà signés ».

- Le 3e niveau est le filet de sécurité. Le dispositif proposé par le Gouvernement était aussi complexe et restrictif. Le Sénat a donc décidé de le simplifier et de l’élargir. Malheureusement, le Gouvernement a, dans le texte du 49-3, réintroduit les critères de baisse d’épargne brute et de potentiel fiscal, rendant le dispositif peu lisible et plus restrictif, notamment pour les communes qui ont une bonne gestion de leur épargne. De surcroît, il prend de nouveau comme référence l’évolution des dépenses d’énergie entre 2022 et 2023, plutôt qu’entre 2021 et 2023, comme nous l’avions proposé. Au cours de la navette parlementaire, le filet a simplement été un peu élargi, avec une perte d'épargne brute entre 2023 et 2022 qui doit être supérieure à 15%, au lieu de 25 % ; et un seuil de déclenchement correspondant désormais à une hausse des dépenses d’énergie supérieure à 50 % de la hausse des recettes entre 2022 et 2023. Mais nous sommes très loin de la version votée par le Sénat, qui prévoyait que toutes les collectivités, sans critère aucun, auraient perçu une dotation égale à 50 % de la différence, si elle était positive, entre l’augmentation des dépenses d’énergie entre 2023 et 2021 et 40 % de la hausse de ses recettes réelles de fonctionnement entre 2023 et 2021.

Dispositif définitivement adopté : 
Le filet de sécurité concernera donc les communes qui ont un potentiel financier par habitant inférieur à deux fois la moyenne de leur strate et une perte d’épargne brute supérieure à 15 % en 2023. Les communes répondant à ces critères percevront une dotation égale à 50 % de la différence, si elle est positive, entre l’augmentation des dépenses d’approvisionnement en énergie, électricité et chauffage urbain entre 2023 et 2022 et 50 % de celle des recettes réelles de fonctionnement entre 2023 et 2022. Un acompte pourra être versé avant le 30 novembre 2023.

Fonds de sauvegarde énergie
Avec nos collègues de la majorité sénatoriale, nous avions voté une mesure complémentaire aux dispositifs de bouclier tarifaire, d’amortisseur électricité et de filet de sécurité, pour permettre de tenir compte de situations très particulières et particulièrement dégradées de certaines communes. Il s’agissait de la création d’un fonds de sauvegarde énergie, doté de 150 millions d’euros, permettant à l’État d’apporter une aide exceptionnelle d’urgence aux communes trop affectées par l’augmentation du coût de l’énergie en 2023. Hélas, ce fonds a été supprimé par le Gouvernement.

FCTVA :
Par ailleurs, nous regrettons fortement que la réintégration des opérations d'agencement et d'aménagement de terrains dans l'assiette du FCTVA, votée par le Sénat, n’ait pas été reprise dans le texte final, alors même qu’en séance, le ministre avait laissé entendre qu’un accord était atteignable... C’était pourtant là une mesure attendue par de nombreux maires.

CVAE
La suppression de la moitié de la CVAE en 2023 a, quant à elle, été rétablie. Concernant la question de la territorialisation de la compensation par de la TVA, les critères du nouveau fonds national d'attractivité économique des territoires, qui devrait être alimenté par la dynamique de la TVA, ne sont toujours pas précisés ; ils sont toujours renvoyés à un décret ultérieur. Pendant le débat nous avons sans succès demandé à plusieurs reprises au Gouvernement de nous préciser les modalités de la compensation.

Indexation de la DGF :
J'ai tenu à co-signer un amendement prévoyant une revalorisation de la DGF attribuée aux communes, aux EPCI et aux départements, à hauteur de l’évolution prévisionnelle de l’indice des prix à la consommation (IPC) hors tabac pour 2023. La revalorisation de la DGF à hauteur de l’inflation prévisionnelle pour 2023 permettrait de soutenir les budgets.

Dotation « élu local » : 
Nous avions également supprimé la condition de potentiel financier de manière à ce que la dotation « élu local » soit versée à l’ensemble des communes de moins de 1000 habitants. Cette condition restrictive a conduit jusqu’à présent à exclure de son bénéfice près de 3000 communes ! Malheureusement le Gouvernement a rétabli cette condition.

Cette liste des mesures proposées par le Sénat mais non reprises dans le texte définitif est loin d’être exhaustive. Mais ces quelques exemples illustrent la faible écoute de l’exécutif à l’égard des attentes des communes, pourtant activement relayées par le Sénat. Comment les maires, en première ligne face aux crises énergétiques, sanitaires et économiques, pourront-ils agir demain avec toujours moins de moyens ? 
J'ai tenu à signer cette proposition importante pour les élus locaux. Elle permettra aux associations de se porter partie civile si un membre de la famille d’un élu est visé par des violences, en raison du mandat ou des fonctions de l’édile. L’Association des Maires de France (AMF) à l’origine de la demande de cette proposition, l’Assemblée des Départements de France (ADF) et l’Association Régions de France, seraient alors mieux à même de défendre nos élus dans un contexte où les agressions à leur encontre sont de plus en plus nombreuses. 
Lire l'article de la Gazette des communes
Malgré des évolutions positives, dans la fonction publique territoriale, on ne compte que 20 % de femmes occupant des postes de directeur général des services (DGS) et seulement 15 % des postes de directeur général des services techniques (DGST).

Composée de 4 articles, cette proposition de loi que j'ai co-signée prévoit de : 
- supprimer toute dispense de pénalités financières pour non-respect des quotas de primo-nominations ;
- relever le quota de primo-nominations du sexe sous-représenté ;
- élargir le périmètre des emplois concernés par les quotas ;
- mettre en place un index de l’égalité professionnelle dans le secteur public.
Mon intervention sur le manque de lisibilité de la politique Jeunesse du Gouvernement
Le budget relatif à la jeunesse de ce nouveau quiquennat s’inscrit dans la droite ligne des années précédentes : celui du manque de lisibilité et de visibilité de la politique jeunesse menée par le Gouvernement dans son ensemble. Celui-ci concerne principalement les actions en faveur de l’engagement des jeunes, notamment le service civique et le déploiement du service national universel (SNU). C’est donc sur ces deux dispositifs qu'ont porté mes questions.

Pour le service civique : 
Ce sont 518,8 millions d’euros qui sont consacrés au développement du service civique avec une enveloppe complémentaire cette année de 20 millions d’euros. Je salue l’augmentation de ces crédits bien qu’elle soit à relativiser puisque la moitié de cette hausse concerne la prise en compte de l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires. J'ai interrogé la Secrétaire d'État auprès du Ministre des Armées et du Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, sur le développement du service civique en milieu rural dont il avait été question l’an dernier. 

Pour le service national universel : 
Le budget alloué au SNU augmente à nouveau cette année pour atteindre un montant de 140 millions d’euros, soit 30 millions d’euros de plus par rapport à l'année 2022. Nous assistons donc à une augmentation du budget alors même que les objectifs fixés sont à ce jour loin d’avoir été atteints. Là où le budget du SNU pour 2022 devait financer l’accueil de 50 000 jeunes, ce sont 32 000 jeunes qui ont finalement été concernés par le dispositif, soit 18 000 jeunes de moins que prévu. 

Le dispositif peine à se mettre en place et nous regrettons qu'il n'est pas été donné au Parlement l’occasion d'en débattre. Sans compter le coût colossal que sa généralisation représenterait, évalué à environ 1,7 milliard d’euros. 
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